Compte-rendu de la réunion par vidéoconférence du dimanche 28 février 2021 à 18h
La soirée commence par la lecture du texte de Max Bobichon, suivie par un résumé de la
conférence du frère Jacques-Benoît Rauscher o.p. doctorant en théologie morale à l’université de
Fribourg (Suisse) et enseignant à l’université catholique de Lyon, spécialiste de la doctrine sociale
de l’Église donnée le 26 janvier 2021 : Les catholiques et les migrants : jusqu’où va le devoir
d’accueil ? Cette conférence est encore écoutable sur YouTube.
Jean-Michel Guinsberg(Association Catholique pour l’Accueil et l’Accompagnement des
Migrants) accueille une quinzaine de jeunes entre 16 et 19 ans.
L’Hospitalité est déjà présente dans l’Odyssée d’Homère. Il est important de s’intéresser également
à la religion de ces jeunes migrants.
Le soutien passe par trois étapes importantes :
- La scolarisation, étape difficile faute de places
- Le suivi médical, vaccins, « réparation » de tortures subies, soins dentaires…
- L’administration, notamment la reconnaissance de leur minorité.
Cette population est très traumatisée et il doit être mis en place une thérapie très adaptée pour
(re)trouver un équilibre. Cela passe aussi par des conseils de vie sur le plan matériel, intellectuel,
relationnel.
Isabelle et Bruno Moine accueillent depuis plusieurs années de jeunes migrants dans le cadre de
l’association Welcome, initiée par les Jésuites. Ils hébergent de jeunes demandeurs d’asile entre 4
et 6 semaines, pour le coucher, le repas du soir et le petit déjeuner. Puis ces jeunes changent de
famille afin qu’ils ne s’habituent pas et qu’ils restent dans la dynamique. Ils viennent d’Afrique,
d’Iran, de l’Europe de l’est, de Syrie, d’Albanie.
Leur motivation est, au départ humaniste, personne ne doit dormir dehors. Ils sont bien
récompensés car ils ont l’impression de voyager en découvrant le pays des jeunes accueillis. Ces
jeunes sont majoritairement musulmans mais connaissent peu leur religion sinon un Coran littéral.
Ce qu’ils font n’est pas bien compliqué, disent Isabelle et Bruno.
A la question : « Pratiquez-vous l’hospitalité intérieure ? êtes-vous réceptifs à ce qu’ils voudraient
dire ? » Ils répondent : « deux mois de partage c’est trop peu pour faire ceci, et nous ne posons pas
de questions sur leur parcours. »
Il est demandé à Daniel Ollivier de donner quelques explications au changement de noms d’Abram
et de Saraï en Abraham et Sarah alors qu’ils offrent l’hospitalité à trois hommes qui se révèlent être
des messagers de Dieu. En introduisant la lettre hé dans chacun de leurs noms, ils s’ouvrent l’un à
l’autre. Sarah va pouvoir concevoir.
On ne peut s’épanouir qu’en se reconnaissant dans le visage de l’autre. L’accueil de l’étranger est la
condition de sa propre existence. Se fermer, c’est mourir. Une société s’ouvre et s’enrichit par ses
marches, ses banlieues.
Khalid intervient pour l’islam dans lequel l’hospitalité a une grande valeur. Il reprend l’accueil des
trois messagers par Abraham à Mambré. Donner ce qu’il y a de meilleur pendant un minimum de
trois jours est une obligation, mais il est possible de faire davantage. Ceux-là sont honorés par Dieu
pour avoir donné l’hospitalité.
Mamadou pour l’Islam :
Pour comprendre la place de l’hospitalité dans l’Islam, il faut l’envisager sous deux angles :
• Dans les sociétés arabes préislamiques
• A l’avènement de l’Islam
L’hospitalité pendant la période préislamique à pour fondements :
• Les raisons climatiques : refuser l’hospitalité c’est condamner la personne à la mort
• Le cadre politique instable : guerres tribales
Pour répondre à ces défis, les sociétés arabes ont pratiqué l’hospitalité comme valeur sociale
L’hospitalité à l’avènement de l’Islam
L’hospitalité est devenue un droit sacré que l’on retrouve dans les Hadiths et le coran.
Quelques citations à partir des hadiths rapportés par Al Boukhari et dans le coran :
« Quiconque croit en Dieu et au jour dernier, doit bien traiter son hôte »
« Quiconque croit en Dieu et au jour dernier doit accorder à son hôte son dû. Mais quel est son dû,
lu demande-t-on ? Son dû, répondit-il, est son hébergement un jour et une nuit. L’hospitalité est de
trois jours, au-delà, c’est une aumône »
En fait accueillir l’autre implique un certain rapport à Dieu
« Jamais je ne trouverai le refuge en dehors de lui » (Coran 72 verset 22)
J’ai évoqué aussi le pacte de Njran, pacte qui aurait été conclu en 631 entre Mahomet et des
chrétiens pour régir les rapports entre la communauté musulmane de Médine et la communauté
chrétienne de Najran au Yémen. Ce pacte témoigne de la volonté des deux communautés d’avoir
des relations interreligieuses basées sur l’hospitalité.
L’idée de l’étranger (l’autre) menaçant et dangereux qu’on pouvait brandir pendant la période
préislamique avec les guerres tribales s’estompe et fait place à une hospitalité comme mimétisme
par rapport à l’acte d’Abraham à Membré, acte relaté dans l’Islam comme dans le Christianisme et
qui traduit notre rapport à Dieu.
Patrice pour le bouddhisme parle plutôt de bienveillance et d’entraide, et pratique l’humanisme.
Philippe Guex participe sur RCF à l’émission qui permet d’envoyer des messages téléphoniques aux
prisonniers. Il se pose la question de comment cadrer un accueil, de jeunes migrants sans les mettre
dehors au bout d’un certain temps. Effectivement des limites sont nécessaires et l’aide d’un
organisme associatif est d’un grand secours.
Puis viennent des remarques dans le désordre :
Alors se pose la question : « pourquoi l’humanisme pourrait faire perdre sa religion ? »
François-Régis répond longuement que, accueillir en soi Dieu passe par l’accueil des frères, la crainte
est de perdre la Transcendance.
Les chrétiens n’auraient-ils pas avantage à approfondir la notion de Transcendance avec
l’islam ?
L’hospitalité ne peut inclure la notion de réciprocité mais s’inscrit plutôt dans une chaîne de
transmission, l’hospitalité n’a pas toujours de retour. Marie cite l’histoire du bon Samaritain dans
l’Evangile de Luc 10,29-35.
Frère Roger à Taizé disait aux nouveaux arrivants : « ici vous êtes chez vous, accueillez les
autres ». Jésus a dit : « là où vous êtes accueillis, restez, sinon partez ! » L’accueilli doit être actif,
dynamique, il doit se sentir à l’aise, sinon il doit s’en aller.
L’inquiétude de la part des Chrétiens de perdre leurs racines chrétiennes est patente
actuellement, à cause de l’arrivée massive de migrants musulmans.
Certains migrants accueillis en famille seraient heureux de partager cet accueil avec d’autres
et de leur faire découvrir la France et toutes ses possibilités.
Gaëlle parle de la façon dont elle a rencontré des familles immigrées au travers des enfants
scolarisés avec les siens.
N’a-t-on pas peur de tout ce qui nous est étranger ?
L’accueil de l’étranger pose la question de la tolérance.
Abd el Malik expose le projet de l’association « Mains Ouvertes » dont il est le Président. Cette
association inter religieuse accueille dans le Centre Commercial de la Part-Dieu et organise des
interventions ouvertes à tous.
Belle soirée, de beaux échanges !
Merci à tous les participants nous permettant de découvrir des pratiques bien différentes.
Christel