Communiqué de l’association « Fils d’Abraham de Lyon »
en réaction à l’assassinat de Samuel Paty , enseignant à Conflans-Sainte-Honorine
C’est avec beaucoup de stupeur, de tristesse et d’effroi et révulsés par cet acte, comme tous leurs concitoyens attachés aux valeurs de la République Française, que les membres de l’association « Fils d’Abraham de Lyon » ont appris l’assassinat de Samuel Paty, enseignant à Conflans Saint Honorine , le 16 octobre 2020 . Engagées en faveur d’un dialogue interreligieux inspiré par un idéal de fraternité et de paix et respectueuses des principes de tolérance et de laïcité , ces personnes se réfèrent à leurs traditions respectives , celles des trois grandes religions monothéistes comme celle de la spiritualité bouddhiste , et elles se scandalisent de ce qu’un jeune homme puisse se réclamer de sa foi pour prétendre venger le prophète de l’Islam , en perpétrant un crime irréparable contre un professeur dont le tort aurait été d’accomplir sa mission éducative essentielle , dans le seul intérêt de ses élèves : dans le strict respect de ses devoirs au sein de l’école de la République , Samuel Paty s’est en effet exclusivement attaché à les éveiller pleinement , pour la promotion de la démocratie et à leur entier bénéfice de futurs citoyens , à une claire conscience de l’importance capitale des acquis de la liberté de pensée et d’expression illustrée par des caricatures licitement publiées .
Ces femmes et ces hommes, qui se réunissent depuis 1993 à Lyon sous la dénomination « Fils d’Abraham » , se sont constitués en association en 2015 , de manière à pouvoir officialiser leurs interventions dans un débat public sur ces différents thèmes essentiels , dans le respect de la laïcité .
C’est dans un monde déchiré et pourtant plein d’espoir que s’inscrit notre démarche fraternelle. Elle se veut témoignage de paix. Salam. Shalom.
Comme l’avait si bien exprimé le philosophe Paul RICOEUR : « Si vraiment les religions doivent survivre, il leur faudra en premier lieu renoncer à toute espèce de pouvoir autre que celui d’une parole désarmée, elles devront en outre faire prévaloir la compassion sur la raideur doctrinale ; il faudra surtout – et c’est le plus difficile – chercher au fond même de leurs enseignements ce « surplus » non dit grâce auquel chacune peut rejoindre les autres ».
Aussi, les Fils d’Abraham de Lyon réaffirment-ils leur volonté de s’inscrire indissociablement dans un travail de dialogue interreligieux ininterrompu , excluant toute complaisance comme toute intransigeance , et dans une démarche visant à contribuer à un débat démocratique régi par la liberté de pensée comme par le respect du pluralisme et du contradictoire et , partant , à s’élever contre celles et ceux qui transgressent ces principes et s’exposent aux rigueurs de la loi républicaine .
A Lyon le 19 octobre 2020