Jamais je n’ai si bien compris ce que la simple neige tombée ce matin pouvait apporter comme message à notre monde de diversités, si jaloux de ses différences, à ce monde de bruit étourdissant et de mouvement incessant.
Oui, je l’ai compris un jour où je suis allé au cimetière de la Guillotière pour la mise en terre d’un SDF qui stationnait depuis longtemps devant l’église St Paul.
Certains se souviennent peut-être de René avec son chien et son attirail de plus en plus volumineux. Et puis il est mort à l’hôpital : impossible de lui trouver une parenté décidée à lui constituer un dernier accompagnement. Avec deux paroissiens, nous avons supplée.
Ce jour-là, j’ai apprécié le message de la neige. Elle m’a aidé à voir le monde autrement : un monde unifié, silencieux, tranquille. Toute la nuit il avait neigé, les tombes, riches ou pauvres étaient recouvertes d’une couche importante de neige. Entre elles, on ne pouvait faire de différence. Le silence figeait toute cette étendue dans un calme impressionnant, seule la rumeur de la ville franchissait cet enclos en étant bien assourdie par la ouate immaculée.
Devant la tombe ouverte dans la terre meuble qui faisait une saignée ocre, j’ai mieux compris la vanité de l’homme imbu de ses titres, agité inutilement et s’imposant parfois par le bruit.
Nous avons prié sereinement. La neige avait tout nivelé, tout était plus simple, plus beau. René était intégré.
Père Max Bobichon
Février 2021
Je voudrais dire un merci très reconnaissant à Agnès, Catherine, Chantal qui me fournissent des photos éblouissantes qui valorisent mes textes.